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parisien, un Lovelace doublé de la grossièreté d’un Picounoc.

Ainsi les deux seuls morceaux qui renferment une pensée quelconque respirent la volupté, la luxure, les passions les plus dégradantes. Je veux croire que M. Évanturel a le cœur moins gâté qu’il le dit, mais s’il continue ses mauvaises lectures il finira pas tomber aussi bas que les tristes personnages qu’il chante.

Les finales de M. Évanturel sont toujours pénibles On dirait qu’il fait un suprême effort pour terminer chaque morceau par un vers encore plus vide que les autres. Et, règle générale, il réussit à merveille. Yoyons-le plutôt à l’œuvre.

Ce sera le dernier (cadeau) d’une flamme mourante ;
Et quand tu briseras ce coffret pour le voir,
Mon cœur — que la lame aura blessé, méchante ! — (vers de onze pieds !)
Tombera tout saignant de son papier en noir.

Quelle chute, grand Dieu ! Et c’est devant ces vers que MM. Marmette et Legendre se pâment d’admiration.

Autre exemple d’une chute douloureuse.

Une fenêtre. Un rideau rouge.
Et sur le canapé de crin,
Un enfant qui dort. Rien ne bouge,
Il est dix heures du matin.

C’est textuel. Ca finit comme ça et pas autrement. Par bonheur, le bambin ne monte jamais bien haut, il se contente de grimper sur les meubles ; sans cette précaution, les plongeons qu’il fait à chaque instant pourraient avoir une issue fatale.

M. Évanturel, nous assure M. Marmette, « joint au coloris beaucoup d’esprit d’observation. » Exemple :

Ce vieillard est toute une étude ;
Le regarde-t-on fixement
On reste avec la certitude
Que ses yeux roulent dans du sang.