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Un véritable poëte ne saurait écrire, en face de la mort, des vers comme ceux-ci :

C’est demain que tu pars, c’est demain qu’un archange
Sous son aile, en passant, va venir te chercher.

Remarquez bien que la personne dont il s’agit est déjà morte et qu’elle va être enterrée le lendemain. Ce n’est donc pas l’âme, mais le corps que l’archange emportera sous son aile.

Et plus loin, dans la même pièce devers on trouve la profanation suivante :

On chantera pour toi quelque chose à l’église ;
Peut-être les adieux que tu chantais un soir.

Il faut être incapable de comprendre la musique et la poésie, il faut être insensible aux beautés de notre culte, pour qualifier de quelque chose la messe de requiem, le Dies iræ, le Libera, ces chants sublimes et touchants à la fois qui font verser des larmes à tout homme qui croit à l’immortalité de l’âme.

M. Évanturel rabaisse tout ce qu’il touche. Il lui est impossible de concevoir une pensée noble et élevée.

Elle mourut, la pauvre femme,
Dieu se fit apporter son âme,
Sur les ailes d’une chanson,

Cette pensée est aussi révoltante que ridicule ; ce n’est pas ainsi que les poëtes parlent de l’âme.

Mais pourquoi continuer plus longtemps nos recherches ? Nous ne trouverons dans ce recueil que de la « mauvaise prose dans laquelle les vers se sont mis, » pour me servir de l’expression d’un homme d’esprit.

M. Marmette, M. Legendre, le Journal de Québec et le Mercury auront beau faire, ils ne réussiront pas à empêcher les Premières Poésies de tomber à plat. On dira de ce prétendu poëte ce qu’un satirique français a dit de l’auteur d’une mauvaise pièce de théâtre :