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UNE LAMENTATION


28 novembre 1879.


Le Courrier du Canada de mercredi publie une espèce de lamentation signée Amicus et intitulée : « M. Tardivel et M. Faucher. » C’est très attendrissant. Amicus trouve que notre critique de la dernière brochure de M. Faucher n’est ni littéraire ni chrétienne ; il aurait voulu que je fisse l’éloge du livre en question. Monsieur est libre de penser et de dire ce qu’il veut. Je désire seulement lui démontrer qu’il n-’est pas en état de juger sainement l’affaire. Il est trop triste, si triste qu’il divague. Voyez plutôt.

Amicus dit d’abord qu’il a été « tristement surpris » de mon article ; qu’il « s’attendait à une critique raisonnée, » etc. Plus loin, il nous assure qu’ayant lu précédemment (sic) mes autres critiques il a remarqué que je n’avais pas rendu justice à M Faucher, « qu’en face de M. Faucher j’ai toujours l’air d’un chevalier en lice, la lance en arrêt, désireux à tout prix de démonter mon adversaire. »

Si j’ai toujours cet air là en face de M. Faucher, je ne comprends vraiment pas comment il se fait qu’Amicus ait pu s’attendre à une « critique raisonnée » de ma part, ni pourquoi il est si tristement surpris de voir que je fais ce que, d’après lui, j’ai coutume de faire.

Évidemment, Amicus improvise.

À moins, dit Amicus, que son livre ne soit totalement mauvais ou radicalement inepte, l’écrivain a toujours le droit déconsidérer la critique comme un ami personnel, ou un juge impartial et désintéressé.

Ce qui revient à dire que dans le cas où il s’agirait d’un livre totalement mauvais ou radicalement inepte, le critique ne serait pas tenu de se montrer juge impartial et désintéressé. C’est absurde, mais c’est ainsi que le veut l’impitoyable logique.

Effet de l’improvisation faite sous l’empire de la tristesse.