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OU RECUEIL D’ÉTUDES

droit et sans préjugés. Car, Dieu merci, le clergé catholique s’est toujours montré l’ami dévoué, constant et éclairé du peuple canadien. Et quand bien même le clergé aurait été seul à condamner ce soulèvement, il faudrait dire qu’il avait raison.

Mais j’ai voulu démontrer que le clergé n’était pas d’un côté et tout le peuple de l’autre, comme certaines gens semblent le croire. Les évêques et les prêtres avaient l’appui de l’immense majorité des fidèles. Il y avait alors, comme aujourd’hui, des méchants et des imbéciles, qui voulaient empêcher le clergé de « se mêler de politique, » mais alors, plus qu’aujourd’hui encore, la grande majorité des Canadiens suivait avec confiance la voix de ses pasteurs.

M. Fréchette a voulu glorifier l’épisode le plus triste et le plus regrettable de notre histoire, remettre en honneur des idées dangereuses, des doctrines subversives, et surtout réhabiliter un homme sans patriotisme, sans principes, sans religion, un démagogue qui ne fut pas même un révolutionnaire.

L’œuvre de M. Fréchette est donc malsaine et antipatriotique.


II


Voyons maintenant si M. Fréchette a su respecter la vérité historique.

On peut, sans doute, réclamer pour l’auteur du drame historique une certaine latitude dans les détails ; mais il faut exiger de lui qu’il représente les faits principaux, qui forment la base de son drame, tels qu’ils se sont produits.

Or, c’est ce que M. Fréchette n’a pas fait.

Il donne au mouvement de 37 un caractère général qu’il était loin, très loin d’avoir ; il prête à Papineau une influence qu’il ne possédait pas. Un des principaux personnages du drame, Geeorges Laurier, dit de Papineau :


Il n’aurait qu’à faire un signe du doigt, lui, vois-tu, pour transformer chaque sillon en tranchée, chaque broussaille en embuscade, chaque chau-