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MÉLANGES

M. Fréchette met., dans la bouche de Georges Laurier, ces paroles :


Louis Joseph Papineau, c’est O’Connell et Washington fondus en un seul homme.


Or, la vérité vraie c’est qu’il n’y avait rien de ces deux hommes dans Papineau. Washington était un brave ; il n’a jamais poussé ses partisans à la révolte pour les abandonner lâchement au moment du danger. Il a payé héroïquement de sa personne, et ne s’est jamais sauvé à travers les forêts à la veille d’une bataille, sous prétexte que son pays aurait besoin de lui plus tard.

Quant au grand libérateur irlandais, il n’a jamais poussé son peuple à la rébellion. Au contraire, tout en l’agitant profondément, il le retenait d’une main ferme dans la voie de la stricte légalité. Et lorsqu’on considère qu’il avait affaire à un peuple réellement opprimé, tyrannisé, broyé depuis des siècles, à un peuple facilement excité et difficilement contenu, et quant on songe que jamais il n’a perdu le contrôle du mouvement qu’il avait organisé, on est étonné de sa majestueuse puissance.

Et Papineau ? On prétend qu’il ne voulait pas que le peuple prit les armes. Mais c’est admettre son impuissance à diriger les masses, et l’on a mauvaise grâce alors de le comparer à O’Connell.

O’Connell était un catholique sincère et un grand génie ; Papineau n’était qu’un impie et un déclamateur.

Mais veut-on réellement savoir ce qu’O’Connell pensait de Papineau ? M. Fréchette lui-même le sait-il ? Je ne le crois pas, car s’il le savait, la comparaison qu’il fait entre ces deux hommes ne serait plus qu’une moquerie amère. Voici donc ce que disait O’Connell, le 30 juillet 1838, en parlant des troubles de 37.


Les amis de la liberté avaient d’abord tout en leur pouvoir, et ils auraient réussi s’ils s’y étaient bien pris. Sans leur folie, leur méchanceté et leurs crimes, ils auraient finalement triomphé ; mais du moment que M. Papineau