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avons discutée dans notre premier article.

Pour les uns, un libéral est un homme de progrès ; pour d’autres, c’est un homme aux idées larges, pour d’autres encore, c’est un homme qui veut des réformes.

Progrès, idées larges, réformes, voilà des termes fort vagues, qui peuvent signifier quelque chose ou rien du tout, pas assez ou trop. Tout le monde veut le progrès, chacun croit ses idées plus larges que celles de son voisin, et il n’y a pas une institution humaine si parfaite qu’elle ne puisse et ne doive être perfectionnée ou réformée.

Parler ainsi du libéralisme, c’est prononcer des paroles en l’air et vides de sens.

Tous ceux qui se disent libéraux et qui croient sincèrement que le libéralisme ne renferme que les choses énumérées plus haut, feraient bien mieux de garder ces choses et de renoncer au nom qui ne signifie pas cela du tout, et qui est très mal noté, pour cause.

Nous n’entrerons pas ici dans une longue dissertation philosophique sur le libéralisme, sur son origine, et ses causes premières. Cette partie de la question est savamment traitée dans les conférences du R. P. Paquin que nous publions en ce moment.

Ce qu’on entend, et ce qu’il faut entendre par libéralisme, c’est l’exclusion de Dieu de la politique, ou pour nous servir de la définition du Père Ubald : « La suppression des droits de Dieu dans l’ordre civil et politique. »

Il y a bien, aussi, les libéraux impies, qui cherchent à supprimer les droits de Dieu, non-seulement dans l’ordre civil et politique, mais partout ; qui voudraient non-seulement chasser Jésus-Christ de la terre, mais l’expulser même du ciel. Il ne s’agit pas ici de ce libéralisme absolu, qui n’est autre chose que l’athéisme.

Le libéralisme que nous avons à combattre est cet ensemble de doctrines séduisantes qui, tout en professant un grand respect pour les droits de Dieu, veut en restreindre l’exercice et les limiter à certaines matières. Comme si Dieu n’était pas le Maître souverain de