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de Dieu et non du peuple, bien que le peuple soit appelé, dans notre pays, à désigner ceux qui doivent exercer le pouvoir. En proclamant ce principe, ils combattront nécessairement la fausse doctrine des parlementaires qui prétendent que la majorité crée le droit.

Ces hommes professeront aussi cet autre principe fondamental, que les dépositaires du pouvoir civil doivent favoriser la religion véritable, parce qu’elle est seule capable de dissiper, par les lumières qu’elle donne aux hommes, les ténèbres de l’ignorance, et d’empêcher les maux qui sont le résultat de l’impiété. En professant ce principe, ils combattront indifférentisme, le matérialisme qui font de si rapides progrès dans notre jeune pays.

Par leurs paroles et leurs actes, ils proclameront que l’Église et l’État sont deux sociétés distinctes, comme le corps et l’âme sont distincts, mais qu’ils ne doivent pas être séparés ; qu’ils jouissent l’un et l’autre d’un pouvoir souverain, mais que l’Église possède sur l’État une vraie prééminence, par son origine, par sa fin, par la nature même de son pouvoir, et par l’excellence de ses moyens d’action.

Partant de ce principe fondamental, ils lutteront contre ceux qui cherchent à entraver l’action de l’Église, à l’asservir à l’État, à la priver de son indépendance ; contre ceux qui voudraient faire définir et limiter les droits de l’Église par le pouvoir civil. Ils s’opposeront énergiquement à toute tentative de laïciser l’enseignement, de soustraire l’éducation de la jeunesse à la surveillance de l’Église.

Entre le parti radical et ce groupe d’hommes sincèrement chrétiens, il y aura le parti des opportunistes, des catholiques plus ou moins libéraux, des libéraux plus ou moins catholiques, des libéraux conservateurs, des conservateurs libéraux, des hommes d’expédients et non de principes. Ce parti sera nombreux car il réunira tous les bleus de nos jours et plusieurs libéraux modérés, qui, tout en rompant avec l’école de la Patrie, n’auront pas le courage de se rallier au groupe opposé. Ce parti sera dangereux, car il fera sans cesse des concessions aux radicaux.