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MÉLANGES

À la rumeur que l’Université Laval aurait conféré à M. Parkman le titre de Docteur-ès-Lettres, deux journalistes de cette ville se sont permis de demander directement à l’Université des explications sur ce sujet. Pour notre part, nous sommes convaincus que les directeurs de cette institution, en agissant ainsi, n’aurait voulu faire qu’un acte de simple courtoisie envers un homme distingué dont ils ne prétendraient pas par là endosser toutes les idées, mais uniquement pour reconnaître le travail et le mérite réel.[1]

Mais, laissant de côté toute autre considération, nous dirons en toute sincérité que nous ne saurions approuver la ligne de conduite de nos confrères. Ils pourraient peut-être se convaincre eux-mêmes de leur tort, en relisant attentivement le paragraphe XVI du Règlement du Conseil de haute surveillance de l’Université-Laval, publiée cette année même, dans l’Annuaire, p. 59, où l’on ne permet à personne d’autre mode de réclamation et d’action contre l’Université et ses professeurs que celui de porter des plaintes privément au seul tribunal compétent de l’autorité ecclésiastique, indiqué par le Saint-Siège. Voici la teneur de ce décret dont personne n’ignore la portée ni la stricte rigueur :

« Que, dans leurs écrits, les écrivains catholiques observent au sujet de l’Université et de ses professeurs, en tant que professeurs, le XXIIe décret du ve Concile de Québec. Si quelqu’un qui n’est pas revêtu de la dignité épiscopale, pense avoir quelque motif de se plaindre soit de l’Université elle-même soit de quelqu’un des professeurs, qu’on ne lui permette aucune autre voie que de

  1. Les directeurs de l’Université Laval avaient-ils réellement songé, comme on le disait dans le temps, à conférer le titre de docteur-ès-lettres à M. Parkman ? Nous ne saurions l’affirmer. Le ton de l’article du Journal de Québec, qui s’applique à plaider des circonstances atténuantes, semblerait indiquer que le bruit qui circulait alors avait quelque fondement. Du reste, un journal anglais rationaliste, le Daily Telegraph, de Québec, prétendait même que cet « acte de courtoisie » était un fait accompli. En effet, nous lisons dans cette feuille, à la date du 18 novembre, 1878 — le même jour où notre premier article paraissait — l’entrefilet suivant : « We are informed that Mr Francis Parkman, the eminent historian, has received from Laval University an honory diploma of Doctor de Lettres. » (sic). Quoi qu’il en soit, et que le projet d’honorer M. Parkman ait été formé ou non par les directeurs de l’Université, il est certain qu’ils ont, dès lors, renoncé à cette idée, si toutefois elle s’était présentée à leur esprit, car le nom de cet insulteur de l’Église ne figure pas parmi les docteurs-ès-lettres de Laval.