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MÉLANGES

Les traîtres politiques ont toujours des partisans et ceux-ci seront portés à faire ce raisonnement-ci ; « On compare X à Judas ; or X est excusable d’avoir fait ce qu’on lui reproche ; donc Judas doit l’être aussi. »

À Saint-Édouard de Lotbinière, tous les fidèles chantent à la messe, aux vêpres et aux autres offices. Ces centaines de voix, voix d’hommes, voix de femmes, voix d’enfants, chantant avec un entrain, une précision et un ensemble vraiment remarquables, remplissent d’une émotion profonde celui qui les entend pour la première fois.

Dans l’espace de quelques mois, M. Gingras a mené à bonne fin une entreprise qui peut paraître impossible à un grand nombre : Ses paroissiens forment un chœur immense et bien exercé. Pas de fausses notes, pas de traînards, mais un chant à l’unisson, puissant et plein d’âme. C’est d’un effet saisissant. M. le curé a fait imprimer sur des cartons, les refrains des cantiques et les réponses que le peuple doit chanter, et ces cartons sont placés dans tous les bancs ; et comme le peuple aime à chanter il a secondé généreusement les efforts du curé.

Qu’on n’aille pas croire que c’est une innovation que M. Gingras a introduite dans le culte. D’abord, il a eu l’autorisation de son évêque ; ensuite, il n’a fait que reprendre une tradition de l’Église primitive. Car, autrefois, tous les fidèles chantaient aux offices, et cela se pratiquent encore dans certains endroits.

À part ce grand chœur composé de tous les fidèles, M. Gingras a un chœur de voix choisies qui exécute très bien des morceaux de chant harmonisés. Ainsi, bien que l’église de Saint-Édouard ne possède pas d’orgue, on y entend du beau chant.

Les paroissiens de Saint-Édouard se montrent pleins de bonne volonté ; ils s’imposent de durs travaux pour entretenir le temple de Dieu. Ainsi ils ont nivelé et égoutté, par corvées, le terrain devant l’Église et l’ont recouvert de gravier qu’ils sont allés chercher à Deschambault.

Ces braves gens cultivent aussi avec intelligence. Ils sèment de la graine de mil et de trèfle et ils font