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MÉLANGES

Ce dernier trait n’est pas une exagération du Punch : un ami nous affirme avoir rencontré, dans une soirée, à Québec, une jeune fille fléchissant sous le poids d’un énorme soleil.

Voilà un aperçu de l’esthétique anglaise dont le grand apôtre, M. Oscar Wilde, est venu ces jours derniers, nous honorer de sa présence. On prétend qu’il a fait des victimes. À part la jeune fille au soleil, on a vu deux fillettes prendre des poses languissantes et lever le regard au ciel de manière à ne laisser voir que le blanc des yeux. C’est ce qu’un de nos amis appelle « se mettre les yeux dans le sirop d’érable. » C’est un symptôme alarmant.

Nous ne pouvons mieux terminer cet article sur l’esthétique qu’en reproduisant, aussi fidèlement que possible, une des nombreuses charges du Punch. La scène représente deux jeunes gens, l’un esthète, l’autre profane.

Le profane. — « J’ai entendu dire que tout était fini entre toi et Miss X. »

L’esthète : — Hélas ! oui, manque d’harmonie dans les couleurs ! »

Le profane : — Comment ça ?

L’esthète : — Ah ! vois-tu, le teint de son visage ne s’harmonisait pas avec la couleur de mes meubles !


LE GÉNÉRAL DE CHARETTE AU CANADA


1er juillet 1882


M. le marquis de Charette, accompagné de madame la marquise de Charette et de M. le marquis de la Rochefoucault, est arrivé à Montréal, mardi le 20 juin. La réception faite à l’ancien colonel des zouaves pontificaux par les citoyens de Montréal a été vraiment magnifique. Une foule immense s’était portée à la gare Bonaventure pour acclamer le général à son arrivée. Cette foule était tellement compacte que le plancher de la gare céda