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MÉLANGES

De toutes les questions importantes traitées dans les journaux, c’est la question de l’instruction qui est la plus maltraitée. Il y a dans notre pays, bien des idées fausses sur bien des sujets, mais c’est certainement l’éducation qui est enveloppée du brouillard intellectuel le plus épais.

La grande erreur des temps modernes, erreur qui se répand rapidement dans notre pays, hélas ! c’est de croire qu’une des attributions de l’État est l’enseignement, c’est de vouloir faire du gouvernement l’unique et universel maître d’école.

L’article de M. Rouleau sur l’instruction primaire nous a convaincu de la nécessité de combattre vigoureusement, et pendant qu’il en est encore temps, cette tendance à la centralisation et à la laïcisation, en matière d’enseignement, qui se manifeste chez un grand nombre de soi-disant conservateurs, haut placés et influents. Cette tendance, si l’on n’y prend garde, se traduira bientôt, peut-être à la prochaine session, par quelque projet de loi à la Jules Ferry.

Pour que l’on ne puisse pas nous accuser de prêter à M. Rouleau des idées qu’il n’a pas exprimées, nous allons donner un long extrait de son article publié dans la Minerve du 24 décembre dernier. Voici ce qu’il dit :

« D’après la loi actuelle, les commissaires d’école ont le pouvoir de prélever des cotisations pour toutes les fins scolaires, et d’engager tous les instituteurs qu’ils trouvent à propos d’engager pour les besoins de la municipalité. Voilà, à mon sens, le plus grand obstacle au bon fonctionnement de nos écoles primaires. Tant que ces pouvoirs seront conférés par la loi aux commissaires d’école, on aura beau amender, fondre et refondre nos statuts, quant à ce qui regarde notre loi sur l’instruction publique, on n’obtiendra jamais des résultats satisfaisants. Comment peut-il en être autrement ? La loi donne aux contribuables d’une municipalité le droit de choisir cinq commissaires dont la fonction principale sera de prélever un certain montant au moyen de cotisations, pour subvenir aux dépenses occasionnées par les écoles de la municipalité. N’est-il pas notoire que notre population en général a une aversion prononcée pour toute contribution ou réclamation qui porte le nom de « taxe ? »