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POUR LA PATRIE

tume, rien qui ressemble à la misanthropie qui me fait prendre cette détermination. Mon cœur n’a pas cessé d’aimer les choses terrestres. Le bonheur légitime d’ici-bas a toujours pour moi un attrait puissant. J’entrevois un avenir qui me sourit : une position élevée dans la patrie ; la confiance, l’estime, la reconnaissance de mes concitoyens ; de nouveaux liens domestiques qui m’uniraient plus étroitement encore à toi ; une femme admirable ; de blondes têtes d’enfants… Ah ! ne t’imagine pas que ce doux rêve me laisse indifférent, et qu’il ne m’en coûte pas d’y renoncer ! Mais lorsque tu auras appris du Père Grandmont certains événements que je t’ai cachés, tu admettras que celui qui a été l’objet de faveurs si extraordinaires ne doit pas rester dans le monde. Quand un homme a vu ce que j’ai vu, entendu ce que j’ai entendu, souffert ce que j’ai souffert, il ne lui reste plus qu’une chose à faire ici bas : prier, en attendant que Dieu l’appelle à Lui.

« Si je ne vous ai pas fait connaître d’avance ma détermination, à toi, à Vaughan et à Houghton, c’est que je voulais nous éviter des discussions qui auraient été probablement