Page:Tardivel et Magnan - Polémique à propos d’enseignement entre M. J.-P. Tardivel et M. C.-J. Magnan, 1894.djvu/25

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respectent et l’aiment avec la même piété filiale », Léon XIII ajoute :

« Il importe encore au salut public que les catholiques prêtent leur concours à l’administration des affaires municipales, et s’appliquent surtout à faire en sorte que l’autorité publique pourvoie à l’éducation religieuse et morale de la jeunesse, comme il convient à des chrétiens : de là dépend surtout le salut de la société. Il sera généralement utile et louable que les catholiques étendent leur action au delà des limites de ce champ trop restreint et abordent les grandes charges de l’État ».

C’est nous qui soulignons, afin de marquer la différence essentielle qui existe entre le texte intégral de ce passage de l’Encyclique et le trop maigre extrait que M. Magnan en a donné. Lorsqu’on lit tout ce passage il devient manifeste que Léon XIII parle ici, non de l’État politique, mais de l’autorité publique municipale ! Donc, si ces paroles de Léon XIII peuvent s’appliquer au débat actuel, elles sont hostiles aux idées de notre adversaire, puisque c’est aux autorités municipales qui, selon le pape, il appartient de pourvoir à l’éducation religieuse et morale de la jeunesse !

Au reste, il y a un abîme entre pourvoir à une chose et organiser, contrôler, diriger cette chose.

M. Magnan exagère notre pensée afin de la combattre plus facilement. Nous n’avons jamais donné à entendre que l’État ne doit « s’occuper en aucune façon » de l’œuvre de l’éducation. Notre thèse a toujours été : l’État hors de l’École ; mais nous n’avons jamais manqué d’ajouter : l’État à côté de l’École, l’État soutenant, protégeant l’École. En effet, l’État doit protéger l’École, comme il doit protéger l’Église et la Famille ; mais il