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de doter l’enseignement, de surveiller les écoles, mais encore et surtout de rendre l’instruction obligatoire pour tous, du moins pour ceux qui veulent jouir des droits de citoyen et d’électeur ! Car l’État a été fondé par Dieu pour promouvoir le bien du pays : eh bien ! le plus grand bien du pays, après la religion et la morale, c’est que le peuple soit instruit.

« Ici nous nous faisons l’écho de la doctrine admirablement soutenue et exposée par le Dr Bouquillon, professeur de théologie morale à l’université catholique de Washington. Voir son opuscule : Education to whom does it belong ? Si cette brochure a rencontré de vives animosités aux États-Unis et ailleurs, elle a eu de plus vives adhésions.

« Qu’on le remarque bien, du reste : l’instruction obligatoire ne rend pas obligatoire l’école de l’État ni ne consacre le monopole de l’État enseignant. Cela veut dire simplement : que la loi déclare qu’un certain minimum de connaissances élémentaires est requis de tous les citoyens. Maintenant, qu’on puise ce minimum soit dans la famille, soit dans une institution libre, soit dans l’école publique : c’est affaire à la liberté.

« De plus l’instruction obligatoire n’entraîne point nécessairement ni la neutralité religieuse de l’école, ni même la gratuité. La loi pourrait pourtant déclarer la gratuité dans certains cas exceptionnels. Au fond, le Canada a un admirable système, scolaire. Mgr Freppel l’a proclamé en plein Parlement français. Voici ce qu’il disait : “ Le Canada est le premier de tous les pays pour l’instruction primaire ”. (Discours du 13 juillet 1880). La loi reconnaît la nécessité de l’enseignement religieux, mais elle sauvegarde en même temps la liberté, en ouvrant des écoles séparées pour les catholiques et les protestants. L’instruction est donc confessionnelle, mais libre. — Eh bien ! que voulons-nous ? simplement qu’on ajoute à ce beau système scolaire le principe de l’obligation légale, afin que tous en jouissent, catholiques et protestants, — mais le pays surtout ».