Page:Tardivel et Magnan - Polémique à propos d’enseignement entre M. J.-P. Tardivel et M. C.-J. Magnan, 1894.djvu/83

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digne d’un corps enseignant éclairé et respectable ; car les parents, réunis en municipalités scolaires, ont seuls le droit, chez nous, de choisir, d’engager, de payer comme ils le veulent, ou de congédier les instituteurs et les institutrices. L’État n’a rien à voir là-dedans, sinon d’offrir des encouragements dont profite qui le veut bien. Voilà pourquoi nous avons accusé l’esprit public d’être la cause du peu de résultats obtenus dans nos écoles primaires ; voilà pourquoi nous avons prétendu que ce manque d’esprit public qui caractérise notre peuple ne provient pas de ce que l’Etat se soit emparé du droit des parents en matière d’éducation, attendu que les pères de familles, en notre pays, sont les rois et les maîtres de l’éducation de leurs enfants, comme cela est conforme, d’ailleurs, au droit naturel. Dans la province de Québec, nous le répétons, l’État, en matière scolaire, ne fait que prévenir et réparer les abus, encourager l’éducation et stimuler le zèle des municipalités scolaires.

C’est là un rôle que personne ne lui conteste. Or, pour le remplir efficacement, il faut de toute nécessité qu’il pénètre dans l’école, non pour diriger et contrôler, mais pour surveiller et s’assurer si les argents qu’il donne aux fins d’éducation publique sont convenablement employés. De là la nécessité de notre département de l’Instruction publique, qui n’est ni plus ni moins qu’un bureau de statistiques.

M, Tardivel répond à cela : « mais comment se fait-il que le système que vous défendez n’ait pas encore réussi à guérir le mal dont vous vous plaignez, bien qu’il soit en force depuis un demi-siècle » ? Nous allons