Page:Tarsot - Fabliaux et Contes du Moyen Âge 1913.djvu/104

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comme il avait plu la veille, était plein d’eau. En reculant, ses talons le rencontrent et elle tombe dedans à la renverse. Hain la quitte aussitôt pour aller ramasser les débris de la culotte, qu’il étale aux deux juges comme les témoignages de son triomphe. Anieuse cependant se débattait dans le baquet et n’en pouvait sortir. Après bien des efforts inutiles, elle fut obligée d’appeler à son secours le voisin Simon. Celui-ci, avant de la retirer, lui demanda si elle s’avouait vaincue, et si elle voulait promettre d’être désormais soumise à son mari, de lui obéir en tout, et de ne jamais faire ce qu’il aurait défendu. D’abord elle refusa, mais ayant consulte la commère, et celle-ci lui représentant que, selon les lois des combats, elle ne pouvait sortir du lieu où elle était sans la permission de son vainqueur, elle donna enfin sa parole. Alors on la releva et on la ramena dans sa chambre, où la paix se fit.

Pendant plusieurs jours, elle ressentit quelque douleur des suites de la correction un peu appuyée qu’elle avait reçue ; mais, avec l’aide de Dieu, tout cela se passa. Du reste, elle fut fidèle au traité ; et, depuis ce moment, non seulement elle ne contredit jamais son seigneur, mais elle lui obéit encore dans tout ce qu’il lui plut d’ordonner.

Quant à vous, Messieurs, qui venez d’entendre mon fabliau, si vous avez des femmes comme celle de sire Hain, faites comme lui, mais n’attendez pas aussi longtemps.