Page:Tarsot - Fabliaux et Contes du Moyen Âge 1913.djvu/129

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Depuis l’aventure du ménétrier, il avait passé les nuits et les jours dans la douleur. La vicomtesse le trouva en larmes quand elle entra : « Aucassin, lui dit-elle, vous avez des chagrins, je veux les dissiper et vous faire voir choses qui vous amuseront : suivez-moi. » Il suivit, plein d’inquiétude et d’espérance. On lui ouvrit la chambre, et il vit, ô surprise ! Nicolette sa douce amie. À ce spectacle une telle joie le saisit qu’il resta sans mouvement. Nicolette, sautant légèrement en bas du lit, courut à lui les bras ouverts, et avec un doux sourire lui baisa les deux yeux. Ils se firent mille tendres caresses. Enfin quand il fut heure convenable, Aucassin conduisit sa belle à l’église où il l’épousa, et la fit dame de Beaucaire.

Ce fut ainsi qu’après bien des malheurs se trouvèrent réunis ces deux amants. Ils passèrent une vie longue et heureuse. Aucassin aima toujours Nicolette ; Nicolette aima toujours Aucassin ; et c’est ainsi que finit le joli chant que j’en ai fait.