Page:Tarsot - Fabliaux et Contes du Moyen Âge 1913.djvu/42

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ment, coquin, tu te portes bien ! eh ! que fais-tu donc ici ? » Et mon homme aussitôt d’ouvrir la porte et de se sauver. Le roi était en dehors attendant l’événement, et prêt à faire bâtonner le vilain s’il fallait encore en venir là. Il voit sortir un malade : « Es-tu guéri ? lui dit-il. — Oui, Sire. » L’instant d’après, un second parait : « Et toi ? — Je le suis aussi. » Enfin, que vous dirai-je ? il n’y eut personne, jeune ou vieux, femme ou fille, qui voulût consentir à faire des cendres, et tous sortirent se prétendant guéris.

Le prince, enchanté, rentra dans la salle pour féliciter le médecin. Il ne pouvait assez admirer comment, en aussi peu de temps, il avait pu opérer tant de miracles. « Sire, répondit le vilain, je possède un charme d’une vertu sans pareille, et c’est avec cela que je guéris. » Le monarque le combla de présents ; il lui donna de l’argent et des chevaux, l’assura de son amitié, et lui permit de retourner auprès de sa femme, à condition cependant que quand on aurait besoin de son secours, il viendrait sans se faire bâtonner. Le manant prit ainsi congé du roi. Il n’eut plus besoin de labourer, ne battit plus sa femme, l’aima et en fut aimé ; mais, par le tour qu’elle lui joua, elle le rendit médecin malgré lui et sans le savoir.