Page:Tassé - Le Nord-Ouest, 1880.djvu/32

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
32

pour moyenne de production, donne un profit annuel de $1.88 sur le produit exporté de chaque arpent de terre. En dix ans, la période qu’il lui faut pour payer sa terre, il gagne, à Manitoba, $18.80 de plus que le cultivateur du Dakota sur le fret seulement, ce qui équivaut au produit de neuf minots de plus par acre. On dira que les cultivateurs du Dakota profiteront du bas prix de notre transport et enverront leur blé par notre ligne. Mais cela serait contraire aux intérêts des lignes qui viendraient ainsi alimenter la nôtre, et elles adopteront, pour les produits du nord, un tarif qui forcera les expéditeurs à prendre leurs lignes. Les bateaux transporteront bien peu de blé l’automne, vu la baisse des eaux, et les inconvénients des transbordements, des bateaux en char, contrebalanceraient les avantages du bas prix.

Mais la grande objection aux règlements est qu’ils n’accordent que 80 acres, au lieu de 160 comme au Dakota. Mais il faut observer que 80 acres ici produisent autant que 120 acres là-bas ; que la culture d’un acre coûte $8, d’après M. Dalrymple, qui emploie tous les instruments les plus perfectionnés ; et qu’ayant 40 acres de moins à cultiver, le cultivateur du Manitoba économisera trois cent vingt dollars par année. Ainsi donc, le colon de Manitoba qui prend une terre, en conformité aux règlements du gouvernement actuel, se trouve infiniment mieux que le colon qui prend une concession ou achète un droit de préemption d’après les lois du Dakota.

Je suis, etc,
Wm. bathgate.

Winnipeg, le 20 octobre 1879.


Il ressort de cette citation plusieurs faits importants. L’auteur établit que nous pourrions transporter les grains du Nord Ouest canadien au taux de 7½ centins sur le chemin du Pacifique, tandis que les lignes américaines exigent 25 centins par minot, de Winnipeg à Duluth ou à Saint-Paul. C’est-à-dire que nous épargnerions 17½ centins par minot. En d’autres termes, l’exportation des céréales par la voie du Pacifique, qui sera bientôt en opération entre la Baie-du-Tonnerre et la Rivière-Rouge, coûterait $1.88 par acre — le rendement d’un acre étant de 25 minots en moyenne — et par la voie des États-Unis, $4.38 de plus par acre, annuellement. Cette différence considérable en faveur du Canada représente une valeur annuelle qui, virtuellement, réduit d’autant le prix de vente de la terre et permettrait au cultivateur d’acquérir ses titres de propriété, en bien peu d’années, avec le produit seul de ces épargnes. Comme le fait remarquer aussi avec justesse M. Bathgate, les terres de l’occident canadien produisent