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Enfin, voici ce que répondirent au reporter d’un journal d’Halifax, deux délégués anglais, MM. Biggar et Cowan, qui visitèrent Manitoba durant le cours de l’été dernier :

Q. — Que pensez-vous de Manitoba comparé au Minnesota et au Dakota ?

R. — Il n’y a pas de comparaison. Le rendement à Manitoba l’emporte de beaucoup et le sol y est plus riche.

Q. — Si vous deviez vous fixer ici, où iriez-vous ?

R. — Nous aimerions mieux payer $10 l’acre à Manitoba que d’accepter comme cadeau des terres du Minnesota.


gare aux agents américains


Nous mettons donc nos nationaux en garde contre les agents peu scrupuleux qui sont payés pour engager les émigrants à s’établir sur le territoire américain. On les rencontre partout, ces gens du métier : à Duluth, à Saint-Paul, à Saint-Vincent, aux Grandes Fourches et sur les convois des chemins de fer. Rien ne leur coûte à affirmer, et ils vous disent avec le plus grand sang-froid du monde que le Nord-Ouest canadien est impropre à la culture et que les États-Unis offrent, par contre, des avantages incomparables. Nous avons démontré ce qu’il fallait en croire. Quelques-uns, séduits par les belles paroles, le ton mielleux, les promesses éblouissantes des personnages en question, se sont laissé entraîner. Ils le regrettaient toujours, mais il était souvent trop tard. Le nombre des dupes n’est heureusement pas considérable. Que nos compatriotes ne prêtent pas l’oreille aux exagérations ou aux mensonges qu’on voudra leur débiter ; qu’ils poursuivent leur chemin sans se préoccuper du mal que l’on pourra dire de nos territoires. Personne, à coup sûr, n’est assez naïf pour penser qu’un homme qui vous guette ainsi au passage n’a d’autre motif que celui de se rendre utile ou agréable. Non, ce n’est pas, croyez-le, votre intérêt personnel qui inspire son éloquence ; et si l’on vous arrête sous le beau prétexte de vous enrichir, c’est pour mieux vous tromper. Dans cette propagande dont il faut se méfier, la fin justifie les moyens. Pourvu que l’exploitation rapporte des bénéfices, tout est bien ; et nous pourrions ajouter : tout est là. Les grands spéculateurs, les compagnies de chemins de fer qui possèdent d’immenses étendues de terres aux États-Unis, ont à leur service de ces colporteurs de mensonges qui ne craignent pas de ruiner l’avenir d’une famille pour gagner leur salaire et enrichir le patron. Comme il est facile de les reconnaître, nos nationaux, qui sont avertis, devront traiter leurs avances comme elles le méritent.

Il y a quelques années, plusieurs postes, tels que Moorhead et Fisher’s Landing, ainsi que les bateaux et les convois de chemins de fer — ceux du Pacifique du Nord spécialement — étaient