Page:Tassart - Souvenirs sur Guy de Maupassant, 1911.djvu/101

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ses quatre pattes de velours blanc sur la grande oreille de son ami. Mon maître passe pour aller prendre son tub, il m’appelle : « François, avez-vous vu ce tableau ? Elles sont vraiment gentilles, ces deux bêtes. Mais vous savez, depuis qu’il fait si chaud, il est impossible de les faire rester dans mon cabinet de travail, et cependant il y fait bien bon en laissant la porte du côté du nord ouverte. »

Cramoyson a fait le nouveau potager assez grand pour avoir des légumes à volonté ; je remarque dans la variété des épinards superbes ; pourtant Monsieur, un jour, les avait classés parmi les légumes qu’il ne mangeait jamais. Je fis tout de même l’essai de lui en servir ; quand il eut fini de manger, il me demanda ce qu’étaient ces herbes vertes, je lui dis que c’était une plante améliorée qui venait de la Tétragonie, d’après ce que m’avait dit le jardinier : « Oh ! du reste, reprit-il, peu importe le nom de la plante, la chose ainsi préparée est absolument exquise. » Et mon maître alla prier Cramoyson de ne jamais manquer de ce légume… Je racontai à Cramoyson que mon maître avait trouvé les épinards délicieux, et il fut convenu que cette plante était une découverte dont tout l’honneur revenait à Cramoyson, qui en fut tout fier.

Notre jardin zoologique s’était enrichi de huit belles tortues, elles étaient en liberté dans le carré normand. Mon maître était content d’elles, il ne voyait plus traîner de limaces, parfois il s’amusait à se placer les deux pieds joints sur le dos de l’une d’elles et il me disait : « Est-ce solide ! Même la roue d’un chariot chargé ne ferait pas céder ces carapaces, tant c’est résistant ! »

Un jour, à notre grande stupéfaction, on s’aperçoit que toutes les tortues ont disparu, on cherche dans tous