Page:Tassart - Souvenirs sur Guy de Maupassant, 1911.djvu/123

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rieurement, je venais de m’apercevoir que, sans s’en douter, ils faisaient la roue autour de moi, comme cela se fait dans un salon mondain, autour d’une beauté très admirée… En ce moment, une fierté attendrie me gagna, ils étaient tous si charmants et quelle bonne franchise se lisait sur leurs physionomies ! Enfin l’on s’assit et la conversation se continua, intéressante, mais la plus simple du monde, passant en revue les écrivains du jour. J’ai constaté que la plupart de ces soldats étaient des admirateurs de Paul Bourget. »

Le lendemain, à 9 heures du matin, un landau est devant la porte de l’hôtel ; quatre messieurs y ont pris place, tous quatre ont de grands manteaux à collets, des chapeaux mous gris clair. L’un de ces hommes est mon maître, et, sans que je me sois aperçu d’aucun mouvement du cocher, les deux superbes chevaux s’élancent à une grande allure, emportant vers les montagnes de la Numidie, le fils littéraire de ce Flaubert qui a su par la magie de son talent évoquer dans Salammbô tout le passé prestigieux, toute la splendeur de ce pays.


Décembre. — M. de Maupassant est de retour, il est enchanté de son voyage ; la grande mosquée de Kairouan l’a beaucoup intéressé, puis son retour par mer de Sfax à Sousse lui a été très agréable.

« Je me félicite, me dit-il, de la bonne inspiration que j’aie eue avant mon départ en vous chargeant de prendre connaissance des lettres de ma mère ; par les résumés télégraphiques que vous m’avez envoyés, j’ai eu de ses nouvelles aussi régulièrement que si j’étais resté ici. »

J’annonçai alors à mon maître que j’avais découvert à Tunis, dans la partie neuve de la ville, un hammam