Page:Tassart - Souvenirs sur Guy de Maupassant, 1911.djvu/33

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

aspirante et foulante installée près de la grosse pompe, qui occupait déjà le dessus du puits, ressemblait à un petit jouet, et je crois que mon maître la considérait comme telle, car, à tout moment, il s’amusait à la faire fonctionner, en disant : « C’est pour qu’elle ne perde pas son eau. »

Quand il s’agissait d’arroser, c’était toujours son tour d’être à la pompe. Quand je me proposais pour le remplacer, il me renvoyait en donnant pour motif que j’envoyais l’eau plus en pluie et avec plus de douceur que lui. Il valait donc mieux me charger de tenir la lance.


Le 22 juin, nous avons eu la visite d’une dame ; puis, le 24, visite d’une autre dame et huit personnes à dîner.

On commença de jouer aux boules. Mon maître s’amusait ; c’était plaisir de l’entendre rire quand il avait bien joué, ou encore quand il pouvait déplacer les boules de ces dames ce qui les faisait courir et jeter des cris perçants comme ceux des enfants.


Un beau matin, il fait tomber toutes les pommes des pommiers pour qu’elles n’épuisent pas ses jeunes arbres.


Tous les jours, la matinée se passe de la même façon. Mon maître se promène et travaille, mais, après le déjeuner, il ne quitte guère la grande haie du côté d’Étretat ; dans cette haie se trouve une trouée, par laquelle il aperçoit ces dames arrivant du fond de la passée, à la sortie du manège Justin. Et aussitôt qu’il les voit, il se hâte de sortir les boules, ou bien il plante les arceaux du croquet…

Il fallait se mettre à jouer tout de suite. Souvent même, il ne donnait pas le temps aux dames de déposer leurs