Page:Tassart - Souvenirs sur Guy de Maupassant, 1911.djvu/47

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Le 6 janvier, jour des Rois, mon maître avait à dîner quelques amis, artistes peintres et littérateurs. Quand tout le monde fut parti, pendant que je faisais la couverture, il m’emmena près de sa serre :

« Vous ne pouvez vous figurer comme ce coin me plaît. Eh ! bien, je vais encore l’embellir. Mon ami Oudinot, le peintre verrier, me cède un plafond en verres de couleur, fait pour un Américain qui a disparu. Ce plafond, paraît-il, est très beau et cela ne me surprend pas, car Oudinot ne sait faire que de très belles choses ; c’est un artiste dans l’âme. C’est lui qui a fait les vitraux du monument de M. Thiers au Père-Lachaise, et c’est une merveille. Alors, ces jours-ci, vous irez voir l’architecte, le serrurier, le plombier et l’électricien ; vous vous arrangerez pour leur demander de venir tous à la même heure, afin qu’on s’entende bien et que cela ne traîne pas. Car je voudrais être tout à fait d’accord avec eux avant mon départ pour l’Italie. Il faudra un appareil électrique pour allumer le gaz que je ferai installer au-dessus du plafond. Avec les vitraux de couleur, cela me donnera une très jolie lumière et des tons très doux. Dès que j’aurai bien arrêté les travaux à faire, je file en Italie et en Sicile avec quelques amis, Gervex, Amic, etc… Mais ce sera un court voyage, d’un mois ou six semaines au plus, car il faut que je travaille pour publier un volume fin mai. Je partirai vers le 18, un peu avant mes amis, afin de pouvoir rester quelques jours avec ma mère à Cannes… Vous vous arrangerez pour que toutes mes affaires soient prêtes et mes chemises repassées par cette personne qui travaille si bien… »

Le 17 janvier, tout est prêt. Mon maître va partir ; sa principale recommandation est de me dire : « S’il vous arrive de vous absenter plus d’un jour, il faudra mettre