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LA FLEUR DU VOLCAN.


Humble et chétive fleur, par le sort condamnée,
Sur le flanc d’un volcan pourquoi donc es-tu née ?
Qu’as-tu fait à ce sort, dont l’injuste dédain
Te refusa l’enclos d’un rustique jardin ?
Au gré de sa faveur, ta grâce solitaire
Eût fait même l’orgueil d’un somptueux parterre,
Sous les yeux satisfaits d’opulens possesseurs,
Qui te proclameraient belle parmi tes sœurs !
Hélas ! telle n’est point la part qui t’est restée !
Sur un sol frémissant, sans relâche agitée,
Tu fleuris sans repos, tu souffres sans témoins ;
Ceux qui t’auraient pu voir sont émus d’autres soins ;
Qu’importe qu’à leurs pieds un doux parfum s’exhale
Dans l’ombre et le secret de ta corolle pâle,
Qui, long-temps exposée à tous les vents du ciel,
Garde encore à l’abeille une goutte de miel ?