Page:Tastu - Poésies nouvelles, 3ème édition, 1838.djvu/140

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
132
ROMÉO ET JULIETTE.
roméo.
Vers le milieu du jour.
juliette.
Vers le milieu du jour.Qu’il va tarder pour moi !

Pourquoi t’ai-je appelé ? je m’en souviens à peine.

roméo.
Laisse-moi demeurer, afin qu’il t’en souvienne.
juliette.
Non, je ne songerais qu’au bonheur de te voir,

Et tu pourrais en vain rester là tout ce soir.

roméo.
Ah ! puissé-je y rester jusqu’à l’instant suprême,

Te faire oublier tout et l’oublier moi-même !

juliette.

Vois, il est presque jour ! je te voudrais parti,
Et pourtant de mes vœux te tenir averti ;
Comme le pauvre oiseau, qu’un enfant plein de joie
Fait voltiger au bout d’une chaîne de soie,
Et qu’un léger effort ramène à son côté,
Tant son jaloux amour lui plaint la liberté !

roméo.
Que ne suis-je en effet ton oiseau, Juliette !
juliette.
Je le voudrais, ami, si ton cœur le souhaite :

Mais non, entre mes mains lu pourrais trop souffrir,
À force de t’aimer je te ferais mourir !…
Bonne nuit ! bonne nuit, Roméo ! je te laisse !
De cet adieu si doux, si douce est la tristesse,