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ROMÉO ET JULIETTE.
roméo.
Vers le milieu du jour.juliette.
Qu’il va tarder pour moi !Pourquoi t’ai-je appelé ? je m’en souviens à peine.
roméo.
Laisse-moi demeurer, afin qu’il t’en souvienne.juliette.
Non, je ne songerais qu’au bonheur de te voir,Et tu pourrais en vain rester là tout ce soir.
roméo.
Ah ! puissé-je y rester jusqu’à l’instant suprême,Te faire oublier tout et l’oublier moi-même !
juliette.
Vois, il est presque jour ! je te voudrais parti,
Et pourtant de mes vœux te tenir averti ;
Comme le pauvre oiseau, qu’un enfant plein de joie
Fait voltiger au bout d’une chaîne de soie,
Et qu’un léger effort ramène à son côté,
Tant son jaloux amour lui plaint la liberté !
roméo.
Que ne suis-je en effet ton oiseau, Juliette !juliette.
Je le voudrais, ami, si ton cœur le souhaite :Mais non, entre mes mains lu pourrais trop souffrir,
À force de t’aimer je te ferais mourir !…
Bonne nuit ! bonne nuit, Roméo ! je te laisse !
De cet adieu si doux, si douce est la tristesse,