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FANTAISIE.


La paix, toujours et vainement briguée,
La paix me fuit ; oh ! je suis fatiguée !
Je voudrais vivre, et ne veux plus courir :
Vivre, pour moi, serait ne rien entendre,
Ne rien prévoir, surtout ne rien attendre,
Rêver enfin, car penser c’est souffrir.

Que j’ai de fois, durant les longues veilles,
D’un monde fée évoqué les merveilles !
Monde, où du moins souhaiter c’est avoir !
À tout esprit fier, avide, mobile,
Hôte d’un corps paresseux et débile,
Le ciel devrait ce magique pouvoir !

Ces vieux secrets, traités de rêverie,
Dons de cabale et de sorcellerie,
Albert-le-Grand, Flamel et ses fourneaux,
Tout manque à l’homme amoureux de mystère ;
Et j’ai regret au peuple élémentaire
De l’air, du feu, de la terre et des eaux.

S’il était vrai que la flamme folâtre,
Sur mes tisons dansant en jet bleuâtre,
Fût un génie ardent, capricieux !