Page:Tastu - Poésies nouvelles, 3ème édition, 1838.djvu/21

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
13
LE PROLOGUE

Que dit l’enfant ? Oh ! quand serai-je un homme !
Que dit son père ? Oh ! quand j’étais enfant !…

Vous souvient-il donc, « à cet heureux âge, »
(J’ai vu toujours que même ailleurs qu’en vers,
Les lieux communs sont d’un commode usage :
Sans eux vraiment tout irait de travers,)
Vous souvient-il de quelque bonne vieille,
Dont les récits ont charmé votre veille,
Mie, ou grand’mère à la tremblante voix ?
Le nez en l’air, serré près de sa chaise,
Vous souvient-il d’avoir tressailli d’aise
À ce début : Il était une fois ?…

Vous souvient-il de ce roi, père infâme,
Qui se voulant consoler d’être veuf,
Trouva séant de se choisir pour femme
Sa fille ! Au moins le remède était neuf,
Sinon moral ! Qu’elle désobéisse !…
C’est bon à dire ! Alors nulle justice
Ne refrénait les pères ni les rois ;
Pères du peuple, ou rois de la famille,
Tout leur devait céder, sujets et fille.
Ah ! le bon temps que ce temps d’autrefois !

La jeune Infante aimait le nom de reine
Assurément, mais non pas la façon.
Bien qu’une fée eût été sa marraine,
Comme en ce temps tout royal enfançon,
Elle l’appelle en vain tout éplorée