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MIGRATIONS.

Ou, qui sait si pour eux, voyageurs que nous sommes,
L’heure ne sonne pas
Où, sur ce globe étroit, les familles des hommes
Se déplacent d’un pas,

Et, dociles jouets de ce choc qui les pousse
Vers un nouveau destin,
Subissent tour-à-tour, de secousse en secousse,
Un mouvement lointain !

Ce volcan d’orient, qu’est-ce donc qu’il prépare
Dans son cratère ardent ?
L’allons-nous voir encor d’une lave barbare
Inonder l’occident ?

Fuyez alors, et loin des humaines tempêtes
Qui brisent les états,
Tentez, enfans du Rhin, d’innocentes conquêtes
Vers de plus doux climats :

Le fer ne servira dans vos mains pacifiques,
Qu’à creuser les guérets ;
La flamme, qu’à miner les racines antiques
Des incultes forêts.

Oh ! voyez, embarquant chariots et corbeilles,
L’un par l’autre poussé,
Ces groupes bourdonnant comme un essaim d’abeilles
À la ruche empressé !