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LA PASSION.


De force, au chemin qui nous coûte,
Pourquoi, Seigneur, nous pousser tous ?
Si le Christ a frayé la route,
Il savait ! Et que savons-nous ?
Il souffrait pour sauver le monde,
Pour laver la tache profonde
De péchés long-temps amassés !
Mais traîner, victime inutile,
De ses douleurs le faix stérile !…
C’est assez, mon Dieu, c’est assez !

Cependant l’amitié sommeille ;
L’âme triste jusqu’à la mort,
Dans sa nuit d’angoisse et de veille,
Pressent la crise de son sort.
Brisés dans cette lutte étrange,
Il nous faudrait la main d’un ange
Pour essuyer nos fronts glacés ;
Ne prolongez pas le supplice,
Détournez de nous ce calice :
C’est assez, mon Dieu, c’est assez !