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LE PROLOGUE

Sauf une grâce à l’avance promise.
Bien entendu que le roi jura tout.
On peut juger si, la demande faite,
Sa Majesté demeura stupéfaite !
Tout autre à moins l’eût été comme lui.
Mais du serment il ne sut se dédire,
Ni l’éluder. C’était un pauvre sire !
On l’enverrait à l’école aujourd’hui.

Couleur du temps !… Sera-t-elle empruntée
Au temps qui passe, ou si long, ou si court ?
Couleur du temps ! Tous les temps sont Protée ;
Le temps qu’il fait, surtout le temps qui court !
Mais des moyens le roi ne s’embarrasse,
Il fait lever ses ouvriers en masse ;
Puis d’un ton fier crie au groupe ébahi :
« Couleur du temps ! ou je vous fais tous pendre ! »
Qui peut le dire et le faire, à tout prendre,
Quoi qu’il commande, est sûr d’être obéi.

Vous qui parlez, le dédain sur les lèvres,
Du temps passé, cherchez le vieux Japon,
Ou le vieux laque, ou le bleu du vieux Sèvres,
Ou la couleur d’un semblable jupon !
Tous vos atours de reine portugaise,
Tous vos trousseaux de princesse française,
N’auraient paru que guenilles auprès !
Lyon, la ville aux soyeuses merveilles,
À l’imiter fatiguerait ses veilles !
Pourtant, dit-on, le monde est en progrès.