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LE TEMPS.


J’en sais d’autres, pour qui les biens perdus renaissent,
Et qui même, entre tous, n’aiment et ne connaissent
Que l’objet qu’ils ont dépassé :
L’avenir les effraie et le présent leur coûte,
Tandis qu’ils poursuivent leur route
Les yeux tournés vers le passé.

Mais n’est-il pas, doués d’existences complètes,
Du monde intérieur quelques rares athlètes,
Au long regard, au vaste cœur,
Qui goûtent en entier la vie à chaque haleine,
Et savourent la coupe pleine
Dans chaque goutte de liqueur ?

Pour ceux-là rien ne meurt, ni plaisir, ni souffrance ;
Tout vit, tout est réel, tout, même l’espérance !
Ainsi, sous une habile main,
La trinité du son vibre mystérieuse,
Ainsi dans Aujourd’hui leur âme harmonieuse
Sent vibrer Hier et Demain.