Page:Tastu - Poésies nouvelles, 3ème édition, 1838.djvu/263

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
255
DANTE.

» Bien cruel fut celui qui n’a point pardonné
» À cette triste chair, que rongeait d’heure en heure
» Mes remords, son silence et l’air empoisonné !

» Ainsi quand je m’éteins, sa haine encor demeure !
» Faible, je m’étendis sur le lit douloureux :
» Veuve de tout amour, force est bien que je meure !

» Je mourais. C’était l’heure où, dans l’air ténébreux,
» Tremblotante apparaît l’étoile matinale.
» Il s’approcha, l’auteur de mon sort rigoureux ;

» Son haleine effleura mon front humide et pâle ;
» Je fis pour lui parler quelques faibles efforts ;
» Il ôta de mon doigt la bague nuptiale,
» Et, comme lui, mon âme abandonna mon corps ! »



La voix cessant alors de frapper mon oreille
Soudain, comme en sursaut, mon esprit se réveille,
Et je ne trouvai plus, du chantre des enfers,
Qu’un antique portrait, son poème et mes vers.