PREMIÈRE JOURNÉE.
Que voyager est un métier facile,
Je dis métier, d’autres diraient plaisir,
Quand on s’en va, flânant de ville en ville,
Sans regretter l’argent ou le loisir !
Quand on ne craint ni fatigue, ni boue ;
Quand, à son aise, on peut, d’un tour de roue,
S’en revenir à ce qu’on a quitté ;
Quand, pour mieux dire, une bonne berline,
Tout à la fois, flatte, sert et caline
Désir de voir, paresse et vanité !
Que voyager est une douce chose,
Quand, la vapeur nous prêtant son secours,
L’œil seul chemine, et le corps se repose,
Entre les bords d’un fleuve aux lents détours !
Ou, si l’on aime un essor plus rapide,
Quand à grand bruit le wagon intrépide
Fuit comme un trait sur sa corde de fer !…
Mais voyager sera meilleur peut-être
Alors qu’un art qui ne fait que de naître
Aura conquis le domaine de l’air !