Page:Tastu - Poésies nouvelles, 3ème édition, 1838.djvu/35

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
27
PREMIÈRE JOURNÉE.


Sous la peau d’âne, en passant coudoyée,
Elle contient ses regrets assoupis.
Mais ce n’est tout de marcher, il faut vivre ;
Quel parti prendre et quelle route suivre
Pour apaiser l’ogre nommé besoin ?
« Avoir recours à mes robes de reine,
» Ne peut, dit-elle, offenser ma marraine :
» De les vêtir on me croira si loin ! »

Elle saisit la magique baguette,
Et dans le coffre, aux habits éclatans,
Choisit, déploie, étend sur sa couchette,
En soupirant, l’habit couleur du temps !
Drape à longs plis l’étoffe ample et soyeuse ;
Puis sort enfin, mi-triste, mi-joyeuse,
Pour stimuler les acheteurs trop lents.
Mais quoi ! devant sa merveille, la foule
À flots glacés se succède et s’écoule :
Vendeur pressé n’a que de froids chalands !

Le premier dit : — L’étoffe est assez belle,
Mais la couleur n’est pas ce qu’il nous faut.
— Elle est trop simple et pas assez nouvelle,
Reprend un autre ; et c’est un grand défaut ;
Puis, à quoi bon cette queue incommode ?
Même à la cour cela n’est plus de mode,
Avec raison, car c’était un abus :
L’égalité les fait tous disparaître !
Voyez ailleurs ; au théâtre peut-être ?
Les vieux habits sont dans ses attributs.