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DEUXIÈME JOURNÉE.


Progrès ! progrès ! de ce mot assourdie,
Je l’avouerai, je l’ai presque en dégoût.
Voulez-vous plaire à la foule étourdie,
Criez : Progrès ! Ce mot répond à tout.
Si l’ouvrier peut mettre le dimanche,
Grâce au coton, une chemise blanche,
Progrès ! — Fort bien. — Un conflit solennel
De parler haut vous conquit l’avantage,
Progrès ! — D’accord, ne fût-ce qu’en tapage.
Mais l’art n’est pas constitutionnel,

Ni progressif. L’un brille à sa naissance,
Astre soudain, qui n’attend rien du temps ;
L’autre, plus lent, a besoin de croissance,
Comme la fleur qui n’a pas deux printemps.
Mais, pour chacun la carrière est la même,
Le but commun, but unique et suprême,
Où les attend l’universelle voix !
Dès que surgit dans la clameur humaine
Ce cri : C’est beau ! leur destinée est pleine :
Jamais ne meurt ce mot, dit une fois !