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DEUXIÈME JOURNÉE.

» Comme ces vieux palais vides des bruits du monde,
» Et dormir sur le lac, ou dans la mer profonde,
 » Tes suaves clartés ?

» Rien ne dort ! sur les flots, où ma face se mire,
» Je vois filer au vent quelque léger navire,
» Des mondes opposés, messager diligent ;
» Sa voile s’arrondit, son mât coquet se penche,
» Et je confonds moi-même, à son écume blanche,
 » Mon sillage d’argent.

» Rien ne dort ! aux cités tout s’agite et travaille ;
» Le vieux palais fait place à la blanche muraille ;
» Partout l’homme prolonge ou devance le jour :
» L’un crée avec effort ce que l’autre gaspille,
» Et, pour glaner cet or, que le riche éparpille,
 » Le pauvre attend son tour.

» Je vois les yeux ardens du jeune homme qui veille,
» De son destin futur bâtissant la merveille ;
» Le mont qu’il veut atteindre à lui ne peut venir,
» Il y marche ! chaque heure est un pas qui l’y porte ;
» Il sait que le temps sème, et livre à l’âme forte
 » La moisson à venir.

» — Lune, ma blanche sœur, dans ton serein empire
» N’entends-tu pas tout bas la terre qui soupire ?
» Et l’élan du génie, et l’hymne de la foi,
» Et les molles vapeurs, et la brise embaumée,
« Comme le souffle égal d’une haleine calmée,
 » S’élever jusqu’à toi ?