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PEAU-D’ÂNE.

 » À la tourbe hésitante et frivole,
 » Que faut-il ? une forte parole,
 » Qui formule et proclame la loi ;
 » À ses pas une sainte oriflamme ;
 » À son cœur un espoir ; à son âme
 » Une foi !

 » Où sont-ils aujourd’hui vos prophètes,
 » Rois puissans, ou sublimes poètes ?
 » — Ils sont morts ! — Vos beaux-arts, doux trésors,
 » Où sont-ils ? — Ils sont morts ! Ces génies
 » Ont leur temps : sur leurs tâches finies,
 » Ils sont morts !

 » Les drapeaux qui vous ont vus fidèles,
 » Où sont-ils ? L’aigle a ployé ses ailes ;
 » La croix sainte est tombée en oubli ;
 » Le vieux lis n’a plus chance d’éclore ;
 » Et déjà l’étendard tricolore
 » A pâli !

 » Le nocher sur la mer turbulente
 » Se confie à l’aiguille tremblante ;
 » D’autre guide il est peu soucieux :
 » Mais s’il perd sa fragile boussole,
 » Il est sûr que l’étoile du pôle
 » Est aux cieux.