Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 1.djvu/245

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membres ; elle se sent attirée vers le centre magnétique, et fait d’incroyables efforts pour résister à cette attraction ; ses efforts sont vains. Elle se penche toute tremblante, frémit, pleure, rit, se lamente. La voyant fatiguée, j’approche un siège ; elle s’assied sans se retourner ni perdre de vue ce qui a frappé ses regards. Alors elle veut fuir, mais elle ne peut se tenir debout ; elle se déplace pourtant, et nous la voyons tourner rapidement sans cesser d’être assise et accroupie ; le siège (une sorte de cube solide en bois) tourne avec elle. Ce n’est point la force et l’agilité humaines qui semblent produire les mouvements, ils sont inimitables. Éloignée, elle est prise d’un rire convulsif, et, malgré l’insistance de plusieurs personnes, elle ne veut point dire ce qu’elle a vu : « Jamais, dit-elle, je ne le dirai ; c’est trop drôle. »

quatrième fait

« Je trace sur le parquet un signe magique figuré par des traits de charbon. Je place sur cette figure un jeune homme en très bonne santé, plein de doute et parfaitement éveillé. En deux minutes, la face du patient s’altère ; il éprouve, dit-il, des battements dans les tempes, des tintements d’oreilles ; ses yeux se voilent ; il a un commencement de vertige. Ses jambes commencent à fléchir, sa tête quitte la position verticale, les muscles qui la retiennent ne pouvant la maintenir. Encore un instant, et le corps va tomber comme une masse inerte. Chacun le pressent, le voit même, à un mouvement indéfinissable qui se manifeste dans l’être, mouvement que l’on aperçoit seulement à la fin d’une agonie ou à l’approche d’une syncope. Une sueur froide le couvre. C’en est fait ! l’expérimenté succombe. On soutient son corps, où il ne semble rester que la chaleur.

« Par un mouvement irrésistible, le père de cet infortuné s’approche, plein de trouble et d’émotion ; il a suivi dans tous ses degrés cette curieuse épreuve, et son cœur détruisant ses doutes, l’empêche de s’y méprendre. Je suis maître absolu de la vie de son fils ; encore un instant, et non pouvoir imitera la nature, dans son œuvre terrible ; il aura dissipé ce rayon de vie. La balle meurtrière n’est pas plus prompte dans ses effets lorsqu’elle frappe le cœur, que ne l’est dans cet instant un caractère tracé de main d’homme.

« Changeant brusquement la position de l’expérimenté, nous le soutenons sur un signe différent du premier. Petit à petit, il revient à la vie, et je renonce à décrire ici les symptômes de cette résurrection… Lecteurs, je ne me joue point de votre crédulité, mon récit n’est que trop fidèle ; et je vous assure que je ne me livrerais qu’à un autre moi-même dans semblable occurrence. »

On voit jusqu’où Satan avait poussé l’infatuation de son art chez son adepte Du Potet, au point de lui faire croire qu’il était maître d’enlever et de rendre à son gré la vie. Par ce point encore, Du Potet ressemble aux satanistes ses