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Ce sont ces prestiges diaboliques qui les subjuguent ; assistant à de tels phénomènes surnaturels, ils ne raisonnent plus. Au cours d’une séance à prodiges démoniaques, Satan leur dirait que le plus pur bonheur est d’être changé en batracien ou en mollusque pour l’éternité, que ces malheureux le croiraient.




CHAPITRE XLI

Œuvres de Grand-Rite, et possédés à l’état latent


Il faudrait tout un chapitre et des plus longs pour exposer la question des possédés à l’état latent. Il y aurait, à cet égard, une très curieuse étude anatomique, physiologique et pathologique à présenter au lecteur ; mais ces genres d’étude ont déjà occupé une grande partie de mon ouvrage, quand j’ai parlé des hystériques et que je les ai présentés en opposition avec les démoniaques. On se rappelle que j’ai essayé de tracer une délimitation entre le naturel et le surnaturel et de montrer où finit l’hystérie et où commence l’obsession ou la possession, et réciproquement. Je me bornerai donc ici à quelques courtes observations, qui n’en seront pas moins claires ; mais je me restreindrai quant aux exemples et j’éviterai d’entrer dans l’examen et l’analyse. Une explication générale suffira ; puis, je citerai quelques cas, parmi lesquels celui très curieux de Sophie Walder.

Très souvent, si j’en crois mes notes et si je m’en rapporte aux témoignages de nombreux ecclésiastiques qui ont eu maille à partir avec le diable en la personne d’exorcisés, très souvent, dis-je, il y a chez ces personnes des phénomènes d’hystérie ou hystériformes, à travers lesquels il est parfois bien difficile de démêler ce qui est propre à la névrose et ce qui est particulier au démon ; pour discerner judicieusement, il faut alors une grâce surnaturelle, que seul l’exorciste autorisé peut recevoir. Arcs de cercles, bonds, hurlements, cacologie, scatologie, crises, attitudes, etc., etc., bien des choses, en un mot, d’apparence extraordinaire, surprenantes, se produisent également et dans l’hystérie et dans la possession, peuvent appartenir exclusivement à l’une, comme exclusivement à l’autre, et le diable peut parfaitement se servir d’une hystérie simple pour se manifester ou s’en servir pour tromper ; et ce n’est que lorsque certains phénomènes, dont l’Église a la clef, apparaissent, qu’il est permis de se prononcer nettement.