Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/242

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pires idolâtries, sont nés vassaux de Satan, sont la proie acquise sûrement à l’enfer. Il n’est pas jusqu’aux animaux, en Chine, qui ne soient les auxiliaires du diable : l’ignoble cochon, qui mériterait, au moins autant que le serpent, d’être pris pour l’emblème du démon, dévore les enfants dans ce pays, peuplant ainsi les limbes de pauvres âmes errantes qui ne verront jamais Dieu.

Et c’est aussi à cause de cet abaissement, cela ne fait pas l’ombre d’un doute, que Lucifer se complaît, se délecte au milieu de ces populations vicieuses, dégradées, scélérates. La religion chinoise, le lamaïsme, le culte de Bouddha ou de Fo, ne sont que magie et spiritisme. Le prince des ténèbres, qui est, on le sait, un irrégulier extravagant au point de vue de ses manifestations surnaturelles, s’y livre à toutes les fantaisies possibles et impossibles, depuis l’apparition inattendue et terrifiante jusqu’à la rotation des tables et des guéridons.

On peut même aller jusqu’à dire que le Chinois est sataniste par tempérament ; c’est un plaisir pour lui de se représenter la divinité sous un aspect horrible, repoussant. Par le paganisme des Grecs et des Romains, Lucifer et ses démons se faisaient adorer ; mais, du moins, ces peuples s’imaginaient leurs faux dieux sous des formes qui n’avaient rien de répugnant ; les statues de Jupiter, Neptune, Pluton, Apollon, Mars, etc., attestent l’erreur religieuse, mais non la dépravation du sentiment artistique. Au contraire, au sens des Chinois, c’est l’ignoble qui est le divin : les statues de Bouddha sont d’une laideur inimaginable ; ce paganisme-là est bien celui sur lequel le roi de l’enfer a le plus vigoureusement mis l’empreinte de sa griffe. La divinité sous la protection de laquelle la Chine se place, elle lui donne, partout, même sur son pavillon national, la figure hideuse d’un dragon. Oui, c’est bien un monstre satanique, le dragon griffu, fourchu et avec une queue, qui est, depuis un temps immémorial jusqu’à aujourd’hui encore, l’emblème national chinois.

Tout, chez le Chinois, est dans un goût essentiellement diabolique ; partout, du dentelé, du biscornu, des griffes, des queues de diable. L’architecture chinoise, avec ses toits relevés, ses bonzeries, ses pagodes, est au rebours de l’architecture de tous les pays. Voyez le Chinois lui-même : les manches de son habit dessinent des griffes, et sa tête, pour ornement, a une queue. Chez ce peuple, le satanisme est, en quelque sorte, exhibé avec affectation. Au sujet du drapeau, il est même une remarque curieuse qui a été faite : le dragon monstrueux est, en Chine, le grand symbole patriotique et religieux ; or, aucun orientaliste n’a pu découvrir, parmi les figures de cet emblème remontant à une époque antérieure au christianisme, une représentation du dragon chinois avec un accessoire important que l’on y remarque de nos jours. En effet,