Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/435

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dignitaires, et appartement réservé aux séances du Grand Orient de Belgique.

Tel est le principal immeuble maçonnique de Bruxelles.

Les locaux de la secte à Paris, à Rome, à Naples, à Madrid, à Londres, ne méritent pas de mention spéciale. J’en parlerai lorsque l’occasion se rencontrera. Je parlerai aussi des temples de Berlin, qui sont plus curieux. Toutefois, sans attendre, je dirai un mot de l’immeuble appartenant à la Grande Loge Aux Trois Globes, inauguré en 1888 et situé à quelques pas de la Spree, au n° 3 de Splittgerbergasse, derrière la Watts-brasse.

À propos des fêtes données à l’occasion de l’inauguration, je dois parler de celle du 5décembre ; organisée par la loge Zür Verschwiegenheit. Les membres de cette loge eurent l’aplomb d’inviter leurs familles : c’est le vénérable, le F∴ Brückner, qui ont cette idée stupéfiante. Les femmes et les filles des francs-maçons berlinois vinrent donc à la soirée, mêlées sans le savoir aux sœurs maçonnes, qui, pour la circonstance, n’avaient pas revêtu leurs tabliers et leurs cordons et étaient censées de simples profanes, invitées également comme parentes ou amies. On dîna joyeusement, on dansa plus joyeusement encore. Le grand-maître de l’ordre des Druides, le F∴ Hugo Bauër, était là, avec ses compères, dont quelques-uns portaient le costume spécial a cette branche de la confrérie ; la S∴ Dorothée Schultz était là aussi, avec sa bande de Mopses dont elle est la grande-maîtresse, mais toutes en toilette de bal, sans le moindre emblème maçonnique. Les sœurs Shieber, Knack, Boschmidt, Karlsteldt et autres chantèrent. Les Druides, ayant pour vis-à-vis les Mopses, exécutèrent le quadrille des épées (voir le dessin, page 401) ; et les familles rentrèrent charmées, bien convaincues que rien n’est plus innocent que les fêtes de la franc-maçonnerie. Allez donc dire à ces Berlinoises, épouses ou filles des bons maçons de la loge en question, allez leur dire qu’il existe des sœurs maçonnes, des Mopses, des initiées palladistes ; elles vous répondront, certaines de leur fait : « Nous avons été reçues aux réunions de nos maris et de nos papas ; nous connaissons le local des Trois Globes : nous y avons festiné et dansé, en compagnie charmante et des plus convenables. Nous avons vu de près la franc-maçonnerie ; nous savons a quoi nous en tenir. Que l’on débite à d’autres, mais pas à nous, des calomnies à ce sujet ! »


Il est incontestable, — et ceci est un fait qui n’a échappé à aucun investigateur, — que, depuis l’organisation supérieure créée par Albert Pike, la franc-maçonnerie a pris partout un développement extraordinaire. C’est pour cela qu’un important chapitre spécial devait être consacré à cet homme et à son œuvre.