Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/828

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à Orléans avec Herbert, son clerc, lui promettant toute sorte d’assistance.

Arefaste se mit en chemin, suivant l’ordre du roi, et, passant à Chartres, il voulut consulter sur cette affaire l’évêque Fulbert, célèbre pour sa doctrine ; mais il apprit qu’il était allé à Rome, par dévotion. Il s’adressa alors au trésorier de l’église de Chartres, nommé Évrard, homme sage ; et, lui ayant découvert le sujet de son voyage, il lui demanda conseil sur les moyens de combattre ces hérétiques et de se garantir de leurs artifices. Évrard lui conseilla d’aller tous les matins à l’église faire sa prière, pour implorer le secours de Dieu et se fortifier par la sainte communion, puis, ayant fait le signe de la croix, d’aller trouver ces hérétiques, de les écouter sans les contredire en rien, et de faire semblant d’être leur disciple.

Quand Arefaste fut arrivé à Orléans, il pratiqua de point en point tout ce qu’Évrard lui avait conseillé, et dans la maison de ces nouveaux maîtres, auprès desquels il fut introduit par son clerc, il se tenait assis le dernier, comme le moindre de leurs disciples.

D’abord, ils lui donnèrent des exemples et des comparaisons tirés de l’Écriture, et ils l’exhortaient à rejeter la mauvaise doctrine qu’il avait crue jusqu’alors, pour recevoir la leur, comme venant du Saint-Esprit. Le voyant qui rendait grâces à Dieu de tout ce qu’il lui disaient, ils crurent l’avoir gagné et commencèrent à lui découvrir leur doctrine, sans l’envelopper comme auparavant d’expressions de l’Écriture.

Ils traitaient donc de rêveries tout ce qu’on lit dans l’Ancien et le Nouveau Testament, touchant la Trinité et la création du monde, disant que le ciel et la terre avait toujours été comme nous les voyons, sans avoir ni auteur ni commencement. Ils niaient que Jésus-Christ fût né de la Vierge Marie, qu’il eût souffert pour les hommes, qu’il eût véritablement été mis dans le sépulcre, ni qu’il fût ressuscité. Ils disaient encore que le baptême n’effaçait point les péchés ; que le corps et le sang de Jésus-Christ ne se faisaient point par la consécration du prêtre ; qu’il était inutile de prier les saints, soit martyrs, soit confesseurs ; enfin, que les œuvres de piété étaient un travail inutile, dont il n’y avait aucune récompense à espérer, ni aucune peine à craindre pour les voluptés les plus criminelles. Ils condamnaient le mariage et défendaient de manger de la chair.

Arefaste leur demanda alors en quoi donc il devait mettre sa confiance, puisqu’ils lui défendaient de croire la passion de Jésus-Christ et l’efficacité des sacrements de baptême et d’eucharistie.

Ils lui répondirent :

— Vous avez été jusqu’ici dans l’abîme de l’erreur avec les ignorants,