Page:Tchékhov - Salle 6, trad Roche, 1922.djvu/101

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

passer le froid de la mort de la nuque aux talons !… Il se leva, voulut crier de toutes ses forces, et courir tuer Nikîta, puis Khôbotov, le surveillant, et l’aide-chirurgien, et se tuer ensuite ; mais pas un son ne sortit de son gosier et ses jambes ne lui obéirent pas.

Étouffant, il tira sur sa poitrine, déchira sa chemise et sa capote, et tomba inanimé sur son lit.


XIX

Le lendemain matin, il avait mal à la tête, ses oreilles tintaient et il sentait une torpeur dans tout le corps. Le souvenir de sa défaillance de la veille ne lui fit pas honte ; il avait manqué de courage, il avait eu peur même de la lune, mais il avait éprouvé des sentiments et eu des pensées qu’il n’avait pas soupçonnés auparavant : l’idée, par exemple, du mécontentement de la canaille philosophante. Mais maintenant tout lui était égal.

Il ne mangea ni ne but, et resta couché, inerte et se taisant.

« Tout m’est égal, pensait-il, quand on lui faisait une question ; je ne répondrai pas… Tout m’est égal. »

L’après-midi, Michel Avériânytch vint le voir