Page:Tchékhov - Salle 6, trad Roche, 1922.djvu/180

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sa jambe gauche fut comme paralysée ; et, ne pouvant s’empêcher de trembler, il se coucha, la figure dans le divan ; ses entrailles se retournaient et sa jambe gauche, engourdie, battait. En quelque deux ou trois minutes, il se ressouvint de tout son passé, sans y trouver aucun acte qui méritât l’attention de la justice.

– Tout cela n’est qu’une plaisanterie ! dit-il, en se levant. On a dû me calomnier. Il faudra porter plainte demain pour qu’on n’ose pas y revenir.

Le lendemain matin, après une nuit sans sommeil, Avdiéiév se rendit comme de coutume à sa boutique. Ses clients lui apprirent que, dans la nuit, le procureur avait fait écrouer encore le sous-directeur de la banque et le fondé de pouvoir. Cette nouvelle n’inquiéta pas Avdiéiév. Il était certain qu’on l’avait calomnié, et que si le jour même il portait plainte, il en cuirait à l’enquêteur pour la perquisition de la veille.

Vers dix heures, il alla chez le secrétaire de la Chambre de commerce qui était le seul homme instruit de cette chambre.

– Vladimir Stépânytch, lui dit-il à l’oreille, qu’est-ce que c’est que cette mode ? Des gens ont volé : en quoi cela me regarde-t-il ? À quel propos ? Mon cher ami, balbutia-t-il, cette nuit on a perquisitionné chez moi. Ma foi, pourquoi s’en prennent-ils à moi ?