Page:Tchékhov - Salle 6, trad Roche, 1922.djvu/182

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Le ton calme et le flegme du secrétaire apaisèrent Avdiéiév. Revenu à sa boutique, où il trouva des amis, il se mit à boire, à fripoter du caviar, et à philosopher. Il avait déjà presque oublié la perquisition ; mais il était un point qui le tourmentait : sa jambe gauche était devenue depuis quelque temps extrêmement faible et son estomac ne digérait plus du tout.

Le soir de ce jour-là, le destin porta encore à Avdiéiév un coup accablant. À une séance extraordinaire de l’assemblée municipale, tous les gens de la banque, Avdiéiév y compris, furent rayés du nombre des membres, comme se trouvant sous le coup de poursuites. Le lendemain matin, il reçut un papier qui l’invitait à donner immédiatement sa démission de marguillier de l’église.

Il perdit ensuite entièrement le compte des autres coups. Des jours étranges, nouveaux, coulèrent l’un après l’autre. Chacun apportait quelque nouvelle surprise. Ainsi le juge d’instruction lui envoya une assignation ! Avdiéiév revint de chez le juge, rouge, offensé…

– Il a insisté comme avec le couteau sur la gorge ! Pourquoi j’ai signé ? J’ai signé, voilà tout !… Est-ce que je l’ai fait à dessein ?… On m’apportait les papiers à la boutique et je signais. Je ne sais même pas lire ce qui n’est pas imprimé.

Il vint ensuite des jeunes hommes, l’air indifférent,