Page:Tchékhov - Salle 6, trad Roche, 1922.djvu/192

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boire de l’eau après m’être confessée ? » Et les convers étaient obligés de distribuer du kvass, du foin, ou de répondre : « Demandez à votre confesseur, ma bonne femme, nous n’avons pas le pouvoir de vous permettre cela. » – « Et où est mon confesseur ? » Il fallait expliquer encore où était la cellule du confesseur… Dans tout ce tracas, ils trouvaient encore le temps d’aller aux offices, le temps de servir les pèlerins nobles et de répondre de fil en aiguille à l’amas de questions vaines ou sérieuses qu’aimaient à multiplier les pèlerins instruits. À épier vingt-quatre heures de suite les longues ombres mouvantes des convers, il était impossible de comprendre quand ils s’asseyaient et à quelles heures ils dormaient.

Lorsque, en rentrant de vêpres, je me dirigeai vers le bâtiment où l’on m’avait logé, je trouvai, debout sur le seuil, un moine hôtelier, entouré d’hommes et de femmes, vêtus à la mode des villes, qui étaient déjà engagés sur les marches de l’escalier.

– Monsieur, me demanda l’hôtelier, auriez-vous la bonté de permettre à ce jeune homme de partager votre chambre ? Faites-moi cette grâce ! Il y a un monde fou et pas une place ; c’est à en perdre la tête !

Il me désignait un petit bout d’homme en paletot léger et en chapeau de paille. J’accédai à la demande