Page:Tchékhov - Salle 6, trad Roche, 1922.djvu/219

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s’en approcher ! On y porte les doigts et le pouls fait tsik ! tsik ! Les vrais seigneurs quand ils se font habiller, tu n’oses pas aller les déranger. Tu as les mesures ; couds. Aller essayer et ajuster, absolument impossible ! Si tu es un tailleur capable, tu n’as qu’à faire tout droit sur mesure… Saute du clocher et tombe dans tes bottes, voilà tout ! Près de nous, frère, il y avait, je me souviens, une caserne de gendarmerie… Notre patron, Ossip Iâklytch, pour essayer, choisissait parmi les gendarmes ceux qui, de corps, se rapprochaient du client. Eh bien, nous avions choisi pour l’uniforme du comte un gendarme convenable. Nous l’appelons : « Enfile ça, lui dit-on, beau museau, et rends-toi compte… » Tordant !… Il avait enfilé l’uniforme. Il regarde sa poitrine. Et quoi ? Il se fond, vous savez ; il tremble ; il se trouve mal…

– Pour les chefs de police, faisiez-vous aussi des uniformes ? s’informa Smékounov.

– En voilà des oiseaux rares ! dit le tailleur. Tes chefs de police, il y en a, à Pétersbourg, autant que de chiens errants. Ici on met chapeau bas devant eux, et là-bas on leur dit : « Gare-toi ; vois où tu marches ! » Nous habillions MM. les militaires et les personnes des quatre premières classes. Si tu es, par exemple, de la cinquième, tu n’es que de la vétille ; repasse dans une semaine, tout sera prêt, parce que, excepté le col et les revers des