Page:Tchékhov - Salle 6, trad Roche, 1922.djvu/253

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fois il se retourne vers l’officier, mais l’officier a fermé les yeux et n’a pas l’air de vouloir l’écouter.

L’officier descendu au quartier de Vyborg, Iôna s’arrête auprès d’un traktir, se ramasse encore sur son siège, et ne bouge plus. Une neige fondante reblanchit son cheval… Une heure passe. Une autre.

Trois jeunes gens, faisant claquer leurs caoutchoucs sur le trottoir, arrivent en se disputant. L’un est petit et bossu, les deux autres sont grands et minces.

– Cocher, au pont de la police ! crie d’une voix chevrotante le bossu. Tous trois ; vingt kopeks.

Iôna tire les guides et claque des lèvres. Vingt kopeks c’est un prix dérisoire, mais il ne songe pas au prix. Un rouble ou cinq kopeks, ce lui est tout un maintenant, pourvu qu’il ait des clients. Les jeunes gens, se bousculant, et disant de gros mots, s’approchent du traîneau et veulent y monter tous trois ensemble. Ils discutent qui s’assiéra et qui restera debout. Après un long débat, des manières et des récriminations, ils décident que le bossu, étant le plus petit, se tiendra debout.

– Allez, file, dit le bossu s’installant et soufflant dans le cou de Iôna. Fouaille ! Et tu as un de ces chapeaux, mon vieux !… On n’en trouverait pas un plus mauvais à Pétersbourg.

Iôna rit :