Page:Tchékhov - Salle 6, trad Roche, 1922.djvu/85

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volant dans l’espace autour de la terre, il n’y verrait que rochers nus et que limon : tout est aboli, loi morale et culture, et le glouteron même ne pousse plus. Pourquoi donc rougir devant un boutiquier et s’embarrasser de l’insipide Khôbotov ou de la lourde amitié de Michel Avériânytch ? Fadaises et bagatelles, tout cela !

Mais ces considérations mêmes étaient vaines… À peine André Efîmytch était-il arrivé à se représenter dans un million d’années le globe terrestre, que Khôbotov, chaussé de hautes bottes, y surgissait de derrière quelque rocher, ou Michel Avériânytch se forçant à rire, et balbutiant : « Mon petit pigeon, je vous rendrai ces jours-ci l’argent que vous m’avez prêté à Varsovie… sans faute ! »


XVI

Un jour, Michel Avériânytch arriva après le dîner comme André Efîmytch était couché sur son divan. Bientôt après, Khôbotov apparut, portant du bromure. André Efîmytch se leva pesamment, et s’assit, les deux bras appuyés sur le divan.

– Aujourd’hui, mon cher, commença Michel Avériânytch, vous avez beaucoup meilleur teint qu’hier. Ah ! mon gaillard ! Pardieu, un gaillard !…